Dans les pays germanophones, la forme de la pièce radiophonique, « à écouter » comme le suggère le mot allemand Hörspiel, a développé une riche et vivante tradition. Depuis son enfance, le chorégraphe suisse installé à Bruxelles Thomas Hauert est fasciné par ces programmes qui nous proposent d’accéder à des mondes sans images. Des mondes dont les paysages et les drames ne se donnent pas à observer mais nous surprennent par derrière, de côté ou depuis l’intérieur de nous-mêmes. Thomas Hauert travaille pour cette création avec le compositeur colombien Fredy Vallejos, rencontré lors de ManiFeste-2012 à l’Ircam. Ils ont inventé une pièce sans histoire linéaire ni personnages fixes, privilégiant une composition en fragments, polyphonique et abstraite. Le chorégraphe, artisan de subtiles alchimies entre improvisation et composition, réunit pour MONO (du grec « seul », mais aussi « singe » en espagnol) sept danseurs fidèles de sa compagnie et l’altiste Noémie Bialobroda. Ensemble, ils déploient sons et mouvements dans un espace en perpétuelle reconfiguration, court-circuitant nos raisons pensantes pour stimuler nos corps par immersion et empathie.