Élaborée comme work-in-progress à l’invitation de Tanztendenz Munich, dans le cadre de leur série Welcome to my World, la conférence donne un aperçu du développement des différentes trames qui sous-tendent le travail artistique et technique que la compagnie mène depuis 25 ans. À l’aide d’exemples dansées, de partitions partagées et de projections vidéo, la compagnie trace l’évolution de son œuvre et révèle la particularité de ce travail d’ensemble résolument ancrée dans la physicalité et dans des processus collectifs. Le rôle de l’improvisation sur scène – central dans l’œuvre – est rendu tangible par des projections simultanées d’extraits de deux représentations du même spectacle.

“…Mais ensuite, je vous ai peut-être déjà raconté cette petite histoire : pour ‘How to Proceed’, l’une des choses que j’ai demandées aux danseurs, c’était…l’une des choses – à cause du 20ème anniversaire [de la compagnie] – je voulais que chacun, en tant qu’interprète, puisse avoir un moment où puisse réaliser un rêve en tant qu’interprète où quelque chose qu’ils voulaient vraiment faire en tant qu’interprètes, et Mat a dit : j’aimerais disparaître sur scène. C’était peut-être trois semaines avant la première, nous avions passé une semaine dans un théâtre à Bruxelles avant d’aller à Liège [pour la première], pour la résidence technique, nous y avions déjà passé une semaine, et le vendredi après-midi, nous, oui, la pièce était loin d’être finie mais nous avions fait une sorte de filage. Mais oui, beaucoup de choses n’étaient pas là, nous n’avions pas terminé et nous avons eu la dernière danse et normalement nous aurions dû nous arrêter là. Il n’y avait que quelques personnes, comme des amis et des membres de la compagnie, qui regardaient. Et puis euh, on avait vraiment l’impression de jouer cette chose et puis ouais la musique était finie, il y avait comme une, une dernière danse que nous avons terminée et puis j’ai juste dit “ah, ce n’est pas encore fini ! Et maintenant, on va faire disparaître Mat !”, et là, c’est vraiment incroyable, tout le monde a fait quelque chose, comme si on allait faire semblant. Et quand j’ai regardé la vidéo, je ne savais pas comment on avait fait – Mat avait disparu. Et nous n’en avions jamais parlé, vraiment. Oui, nous n’avions rien prévu pour cette scène et là, en public, lors de la performance, nous avons fait en sorte que ça marche. Et c’est comme ça que ça se résume pour moi, c’était vraiment mon cadeau d’anniversaire pour le 20ème anniverdaire, travailler avec des gens qui réussissent sur scène ce tour de magie, qui demande vraiment une certaine habileté et une certaine planification normalement et c’est, euh… Comme, nous n’avions pas décidé de ce qui se passait… nous allions juste faire disparaître Mat, le découvrir, le régler et nous l’avons fait. Après, on a appris de la vidéo comment on avait fait, donc maintenant c’est réglé. “

(Thomas Hauert, extrait d’une transcription d’un entretien oral réalisé par Marisa Godoy dos Santos Rüegg, dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée “Generating co-presence: Dancer’s ways of knowing and discoveries in improvisation choreography”)