Performance Walking Oscar

© Filip Vanzieleghem
© Filip Vanzieleghem

Walking Oscar

Press reviews

Les mouvements aiguisés de Thomas Hauert

published by: Rosita Boiseau, Le Monde on 01 December 2006

L’insolente et tranquille bizarrerie du chorégraphe Thomas Hauert éclate dans sa nouvelle pièce pour six danseurs et un pianiste Walking Oscar, présentée, jusqu’au 2 décembre, au Théâtre de la Ville. La scène est noyée par de lourds rideaux noirs qui glissent sur leur tringle. Chaque mouvement de tissu fait surgir une grotte obscure dans laquelle une apparition lumineuse se dresse. Les grottes se succèdent, écrins de velours pour des présentations évanescentes qui semblent échanger des messages sibyllins entre deux chansons pop somptueusement dépressives.
Ce labyrinthe signe une fois de plus la franche originalité de Thomas Hauert. Depuis la création de sa compagnie ZOO en 1997, ce chorégraphe d’origine suisse, installé à Bruxelles, draine un courant qui ne doit rien qu’à lui.
Dansant et chantant, sans jamais perdre de vue l’écriture du mouvement qu’il sait aiguiser à l’extrême, il manie une langue magique et complexe, entre concept de fond et virtuosité de forme. Le tout d’une belle solidité comme l’atteste Walking Oscar. Oscar, double trouble de l’écrivain hollandais Oscar van den Boogaard, dont le texte dit en voix off défile aussi sur un écran transparent, se présente comme un homme hanté. Prostré dans le noir sur un matelas ou rutilant tout en blanc, il se retrouve manipulé. L’innocence perdue, l’héritage des pères, l’impuissance à être soi, habitent ce spectre.
Walking Oscar réussit à rendre palpable l’épaisseur de la vie mentale d’un homme dont l’énigme se reconduit sans fin. Musique, voix et danse s’interpénètrent. Si le texte est parfois trop présent, cette comédie musicale d’un genre inédit réverbère les fantasmes que les mots font naître dans un ressac aussi implacable que celui de l’inconscient.

Rosita Boiseau

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